Pendant l’atelier
de Philippe sur le film « La Bataille d’Alger », on a parlé de la
longue censure de ce film. Ça a éveillé ma curiosité : j’ai voulu savoir
pourquoi la censure a duré prés de 40 ans. Donc, j’ai trouvé un document où on
analyse le film, mais surtout le principaux causes de sa censure. On le peut
trouver ici, à partir de la page 30 : http://crdp.ac-bordeaux.fr/cddp33/cinema/Festival_Pessac/D%C3%A9colonisationCine101008.pdf
Selon quelqu’un,
le cinéma est « le miroir dans lequel peuvent se regarder en face nos
sociétés, la façon dont elles peuvent affronter leurs angoisses et construire
ce travail de deuil sans lequel il ne peut y avoir de mémoire collective ».
Je crois que ce concept peut aider à comprendre mieux la raison de la censure
de ce film.
J’ai découvert
que « La Bataille d’Alger » a été le seul film qui a connu une longue
censure, près de 40 ans. Il a été tourné 3 ans après la guerre en Algérie, dont
les « braises étaient encore
chaudes ». Il a été réalisé par Gillo Pontecorvo avec l’ambition de
reconstituer la réalité de cette guerre : en effet, on parle d’ « actualités
reconstituées », par conséquent le but de Pontecorvo n’était pas réaliser un
film politique. Sa volonté d’objectivité est claire si on se focalise sur la représentation
des terroristes algériens et des soldats françaises : si les actes de terreur semblent
délibérées, au même temps les soldats françaises ne sont pas montrés comme des
monstres et ses actions sont presque justifiés par les moyens utilisés par le FLN.
Le film a été même
accusé d’avoir banalisée ou justifiée la torture des soldats françaises parce
qu’elle a permis démanteler les réseaux FNL. Donc, pour sa volonté de représenter
une réalité objectif, dans le film de Pontecorvo le terrorisme et la torture s’affrontent
au même niveau.
Le film est
présenté en 1966 à la Mostra de Venise
et obtient le Lion d’Or. Pour la délégation française, ça est une provocation
anti-française du jury. Le film sera interdit en France jusqu’en 1970. La
sortie du film est prévue pour 1971 mais une autre censure commence et les
séances du film sont annulées. En
effet, plusieurs de cinémas ont subis des dommages crées par les anciens
combattants et les rapatriés. Par conséquent, le film est retiré définitivement
des salles parisiennes et sortira seulement après trente-trois ans.
Cependant, plus
tard, le film devient actuel aux Etats-Unis où, le 27 aout 2003 il est présenté au Pentagone pour étudier les
techniques utilisés par les françaises en Algérie qui ont emmené la victoire. En
effet, en ce temps-là, les américaines combattaient en Irak avec des
difficultés. Un article du Figaro décrit ce qui s’avait passé: « L’œuvre de Gillo déclenche une polémique et
sort aux États-Unis. Un triomphe. Dans l'Hexagone,
il faut attendre l'automne 2004 pour que cette reconstitution de la guerre
entre le FLN et l'armée française soit diffusée, d'abord à Cannes puis dans
toutes les salles ».
Benjamin Stora a
étudié ce qu’il appelle le « trou
noir » du cinéma français, c’est-à-dire la manque de films sur la
guerre d’Alger.
Mais pourquoi, se
demande-t-il, on censure la Bataille d’Alger ? Selon Stora, ce film
représente la guerre, c’est-à-dire l’immoralité, le désordre, la complaisance
de la violence qui la république
français des années 60 ne voulait pas voir représentés. La censure politique
dans les années 1960-1961 encourage aussi la censure financière, donc ça
explique le fait que il n’y a pas beaucoup de films ou documentaire sur ce
sujet. Mais dans les années 70-80, peu à peu les « tabous concernant la représentation
des guerres coloniales tombent ». Tous les films qui avaient été interdits
sortent, sauf « La Bataille d’Alger ». Pourquoi cet oubli ?
Premièrement,
pour son aspect de reportage et pas de fiction, qui annule la distance entre le
spectateur et ce qu’il voit et laisse à le spectateur la liberté de choisir. Mais
selon B. Stora, la principal différence entre ce film et les autres films
européens qui s’agitent sur la cause algérienne est la représentation de l’adversaire.
En effet, dans ce film, comme on disait au debout, l’adversaire n’est pas
représenté simplement avec des stéréotypes négatives mais il est mis sur «un
pied d’égalité avec les paras français ». L’ennemi a un visage qui n’est
pas le visage d’un « terroriste barbare » qui en France on voulait
imaginer pour justifier la colonisation de l’Algérie. Le dossier conclut que « La
Bataille révèle au Français ce qu’il a toujours plus ou moins refusé de voir, c’est-à-dire
qu’en Algérie on faisait la guerre à un peuple qui luttait pour sa dignité et
son droit à l’existence ».
Vocabulaire utile :
Braise :
ember
Séance du
film : screening, showing of the movie
L’Hexagone :
la France
trou noir: black gap
Bravo! c'est une compte-rendu extraordinaire et très analytique!!! Je vais recommander à tout le monde de le lire. Encore bravo!
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