Tuesday, 5 August 2014

La longue invisibilité de « La Bataille d’Alger »







Pendant l’atelier de Philippe sur le film « La Bataille d’Alger », on a parlé de la longue censure de ce film. Ça a éveillé ma curiosité : j’ai voulu savoir pourquoi la censure a duré prés de 40 ans. Donc, j’ai trouvé un document où on analyse le film, mais surtout le principaux causes de sa censure. On le peut trouver ici, à partir de la page 30 :  http://crdp.ac-bordeaux.fr/cddp33/cinema/Festival_Pessac/D%C3%A9colonisationCine101008.pdf

Selon quelqu’un, le cinéma est « le miroir dans lequel peuvent se regarder en face nos sociétés, la façon dont elles peuvent affronter leurs angoisses et construire ce travail de deuil sans lequel il ne peut y avoir de mémoire collective ». Je crois que ce concept peut aider à comprendre mieux la raison de la censure de ce film.

J’ai découvert que « La Bataille d’Alger » a été le seul film qui a connu une longue censure, près de 40 ans. Il a été tourné 3 ans après la guerre en Algérie, dont les « braises étaient encore chaudes ». Il a été réalisé par Gillo Pontecorvo avec l’ambition de reconstituer la réalité de cette guerre : en effet, on parle d’ « actualités reconstituées », par conséquent le but de Pontecorvo n’était pas réaliser un film politique. Sa volonté d’objectivité est claire si on se focalise sur la représentation des terroristes algériens et des soldats françaises : si les actes de terreur semblent délibérées, au même temps les soldats françaises ne sont pas montrés comme des monstres et ses actions sont presque justifiés par les moyens  utilisés par le FLN.
Le film a été même accusé d’avoir banalisée ou justifiée la torture des soldats françaises parce qu’elle a permis démanteler les réseaux FNL. Donc, pour sa volonté de représenter une réalité objectif, dans le film de Pontecorvo le terrorisme et la torture s’affrontent au même niveau.

Le film est présenté en 1966 à la Mostra de Venise et obtient le Lion d’Or. Pour la délégation française, ça est une provocation anti-française du jury. Le film sera interdit en France jusqu’en 1970. La sortie du film est prévue pour 1971 mais une autre censure commence et les séances du film sont annulées. En effet, plusieurs de cinémas ont subis des dommages crées par les anciens combattants et les rapatriés. Par conséquent, le film est retiré définitivement des salles parisiennes et sortira seulement après trente-trois ans.

Cependant, plus tard, le film devient actuel aux Etats-Unis où, le 27 aout 2003  il est présenté au Pentagone pour étudier les techniques utilisés par les françaises en Algérie qui ont emmené la victoire. En effet, en ce temps-là, les américaines combattaient en Irak avec des difficultés. Un article du Figaro décrit ce qui s’avait passé: « L’œuvre de Gillo déclenche une polémique et sort aux États-Unis. Un triomphe. Dans l'Hexagone, il faut attendre l'automne 2004 pour que cette reconstitution de la guerre entre le FLN et l'armée française soit diffusée, d'abord à Cannes puis dans toutes les salles ».

Benjamin Stora a étudié ce qu’il appelle le « trou noir » du cinéma français, c’est-à-dire la manque de films sur la guerre d’Alger.
Mais pourquoi, se demande-t-il, on censure la Bataille d’Alger ? Selon Stora, ce film représente la guerre, c’est-à-dire l’immoralité, le désordre, la complaisance de la violence qui  la république français des années 60 ne voulait pas voir représentés. La censure politique dans les années 1960-1961 encourage aussi la censure financière, donc ça explique le fait que il n’y a pas beaucoup de films ou documentaire sur ce sujet. Mais dans les années 70-80, peu à peu les « tabous concernant la représentation des guerres coloniales tombent ». Tous les films qui avaient été interdits sortent, sauf « La Bataille d’Alger ». Pourquoi cet oubli ?
Premièrement, pour son aspect de reportage et pas de fiction, qui annule la distance entre le spectateur et ce qu’il voit et laisse à le spectateur la liberté de choisir. Mais selon B. Stora, la principal différence entre ce film et les autres films européens qui s’agitent sur la cause algérienne est la représentation de l’adversaire. En effet, dans ce film, comme on disait au debout, l’adversaire n’est pas représenté simplement avec des stéréotypes négatives mais il est mis sur «un pied d’égalité avec les paras français ». L’ennemi a un visage qui n’est pas le visage d’un « terroriste barbare » qui en France on voulait imaginer pour justifier la colonisation de l’Algérie. Le dossier conclut que « La Bataille révèle au Français ce qu’il a toujours plus ou moins refusé de voir, c’est-à-dire qu’en Algérie on faisait la guerre à un peuple qui luttait pour sa dignité et son droit à l’existence ». 


Vocabulaire utile :
Braise : ember
Séance du film : screening, showing of the movie
L’Hexagone : la France
trou noir: black gap

1 comment:

  1. Bravo! c'est une compte-rendu extraordinaire et très analytique!!! Je vais recommander à tout le monde de le lire. Encore bravo!

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